Frédéric Sautereau

Hamas.

 

 

Le Hamas, organisation terroriste pour les uns, mouvement de résistance pour les autres, est devenu depuis l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, en janvier 2009, un interlocuteur incontournable à la solution du conflit israélo-palestinien.

 

Organisation terroriste, mouvement de résistance, parti politique, le Hamas remplit ces fonctions et mérite toutes ces appellations à la fois.

En tant que branche armée, il peut le plus souvent recevoir la qualification de terroriste.

Le Hamas agit principalement sous forme d’attentats suicides sur le territoire israélien contre des ressortissants militaires et civils (attentats kamikazes auxquels le mouvement a renoncé depuis janvier 2005), et de tirs de roquettes sur les villes israéliennes de Ashdod, Sdérot et Beer-Shéva. Il traque également les palestiniens qui collaborent avec Israël.

 

Au titre de son action politique, le Hamas ne s’engage pas seulement dans le domaine politique, mais il s’implique également dans la vie économique, professionnelle et associative.

Sur le plan caritatif et politique, qu’il confond souvent, c’est la création d’orphelinats, de dispensaires, la production de vêtements pour l’emploi des femmes, la mise en place de réseaux scolaires, d’institutions culturelles...

Il a un réseau caritatif qui jouit d’une grande popularité dans toutes les classes sociales palestiniennes.

Il fait ce que l’Autorité palestinienne n’a pas été capable de faire. Son budget annuel est estimé entre 250 et 300 millions de dollars et il est devenu une véritable puissance financière dont les palestiniens ne peuvent se passer.

 

Mouvement créé en 1987 par le Cheikh Yassine dans la bande de Gaza comme une branche autonome des frères musulmans d’Egypte, il a progressivement pris une place importante dans la vie politique palestinienne jusqu'à gagner les élections législatives de janvier 2006.

En juin 2007, le Hamas prend le contrôle total de la bande de Gaza dans un affrontement fratricide avec le Fatah, le mouvement politique et militaire palestinien fondé par Yasser Arafat.

Le 19 septembre 2007, la bande de Gaza est déclarée « entité hostile » par Israël.

 

Rejeté et isolé par la communauté internationale (Etats-Unis et Union européenne), le Hamas se retrouve à la tête d’un territoire de 360 km2 et peuplé d’un million trois cents milles habitants et où 80 % de la population dépend de l’aide humanitaire internationale et 56 % des habitants sont des enfants.

 

Même si la guerre menée par Israël en janvier 2009 s’est soldé par une victoire militaire, privant le Hamas de têtes et de combattants, elle ne peut cacher que les buts invoqués ne sont pas atteints : le Hamas tient toujours d’une main de fer la bande de Gaza. Les tunnels de Rafah, qui lui servent à s’armer, fonctionnent toujours et depuis le cessez-le-feu, des roquettes Qassam sont tirées sur Israël.

 

Le Hamas est donc le grand gagnant de ce conflit.

Sur le plan médiatique, due à la longueur de l’engagement armé et malgré l’interdiction d’accès du territoire par Israël à la presse, une partie plus importante de l’opinion publique internationale a pour la première fois pris conscience de la détresse des populations civiles palestiniennes, châtiées par les uns et prises en otage par les autres.

De nombreux pays, principalement européens, reconnaissent maintenant la nécessité de discuter avec le Hamas.

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